Washington a perdu sa capacité à utiliser la force sur la scène mondiale sans subir de sérieux contrecoups. Il ne doit pas s’attendre à ce que le monde oublie son intox sur l’anthrax pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003, soutient le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
Les États-Unis ne doivent pas espérer que la mémoire de la mise en scène au Conseil de sécurité de l’Onu avec la « fiole de Powell » sera enterrée dans les sables mouvants de l’histoire. Il leur faut renoncer à leur « syndrome d’impunité », estime le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
Le diplomate a commenté pour Sputnik le 20e anniversaire de la réunion du Conseil de sécurité de l’Onu pendant laquelle les États-Unis avaient justifié leur invasion de l’Irak.
Pour ce faire, le 5 février 2003, Colin Powell, alors secrétaire d’État américain, monte à la tribune de l’Onu et expose pendant plus d’une heure les menaces que représente l’Irak, dont la présence supposée d’armes de destruction massive et d’armes bactériologiques. Pour appuyer ce mensonge qui changera le cours de l’histoire, il brandit une fiole d’anthrax affirmant que l’Irak développe la substance comme arme de guerre.
L’opération a été lancée le 20 mars 2003 sans approbation de l’Onu. En 2015, le rapport des services américains de renseignement, utilisé par l’administration Bush pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003, a été rendu public. Rien n’y indique que l’Irak possédait des armes de destruction massive. Colin Powell a appris qu’il s’agissait de l’intox beaucoup plus tôt.
Symbole d’hypocrisie et d’impunité
« L’image de Colin Powell montrant un flacon contenant de la poudre qui serait de l’anthrax symbolise depuis longtemps l’hypocrisie et la conviction de l’élite dirigeante des États-Unis dans son impunité et son droit indiscutable à donner présomptueusement une leçon au reste du monde. Cela en recourant à la force contre un adversaire plus faible pour conserver son hégémonie mondiale », a commenté l’événement M.Riabkov.
Peu importe que cette mise en scène hideuse ait été réalisée par un homme beaucoup plus compétent que tous les autres dirigeants de la politique étrangère américaine après lui. Peu importe également que plus tard il ait reconnu qu’il avait été obligé de mentir en exécutant un ordre.
Un mensonge qui ne sera pas oublié
« On peut même supposer qu’il éprouvait des remords que la classe politique américaine, surtout sa nouvelle génération, ne connaît pas par principe. L’essentiel c’est que contrairement à la situation du début des années 2000 et du cas d’une Yougoslavie sans défense, le brigandage international ne restera plus impuni. Dans des réalités géopolitiques qui changent rapidement les États-Unis ne sont plus en mesure de recourir à leur guise à la force sans en subir de graves conséquences », a soutenu le vice-ministre.
« Il ne faut pas espérer que la mémoire des événements d’il y a 20 ans pourra être enterrée dans les sables mouvants de l’histoire moderne », a-t-il résumé.
Source : Al Manar