Le terme « Communauté internationale » est régulièrement cité ces derniers temps dans les médias « grand public ».

La plupart du temps, il est utilisé de façon trompeuse, car ce qu’on veut nous présenter comme une majorité de pays ne représente en fait que à peine 15 % de la population mondiale.

Pays prétendant représenter l’ensemble du monde : Europe (sauf Biélorussie et Russie), USA, Japon, Corée du Sud, Canada, Australie, Israël, Nouvelle-Zélande.

En 2022, l’ensemble de ces pays comptait une population cumulée de 1184 millions d’habitants, sur une population mondiale de 7975 millions d’habitants, soit 14,85 %.

Extrait d’un article de TV5 Monde Info du 28/08/2013, avec décryptage de Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères.

Que recouvre la notion de « communauté internationale » ?

C’est un terme qui change de sens selon celui qui l’invoque.
Quand les Occidentaux l’emploient, c’est pour parler d’eux, puisque ce sont eux qui ont conduit les affaires du monde tout seuls ces trois ou quatre derniers siècles.
Comme s’ils s’arrogeaient le droit de parler au nom du monde entier, ainsi qu’ils l’ont fait pendant si longtemps. Comme s’ils formaient à eux seuls toute la communauté internationale !
Auprès de l’opinion publique, il y a un amalgame de bonne foi, mais qui peut devenir un mélange cynique ou calculé de la part des politiques.

Ceux qui l’invoquent pensent à une communauté de valeurs, en s’appuyant sur le fait que tout le monde a signé la charte des Nations unies, mais cela ne reflète pas la réalité.
Car si la Chine et la Russie mettent leur véto, à tort ou à raison, on ne peut plus parler de communauté internationale.
Quand les Russes ou les Chinois parlent de communauté internationale, c’est une façon de rappeler que les Occidentaux ne peuvent pas décider sans eux s’ils veulent rester dans la légalité.

Ainsi la « communauté internationale » peut-elle aussi bien être une arme de prétention un peu narcissique de la part des Occidentaux qu’un rappel à l’égalité de la part des autres.
C’est une notion à géométrie variable selon qui l’emploie, à quel moment et dans quel but. Mais c’est par les Occidentaux qu’elle est la plus galvaudée.

Alors utopie ou opportunisme ?

C’est une formule magique, une de plus dans le discours médiatico-politique occidental.
C’est une façon de susciter une réalité qui relève de la « pensée magique », comme disent les anthropologues.
Une partie de l’espèce humaine, très chimérique, idéaliste et sympathique, veut croire qu’il y a une sorte d’unité du monde en constitution.
Alors on essaie de lancer des mots en espérant qu’ils vont enclencher un processus.

Après la Première Guerre mondiale, quand on a parlé de Société des Nations, ce n’était évidemment pas une société, mais plutôt une jungle…
Après la Seconde Guerre mondiale, quand on a créé les Nations unies, elles n’étaient pas unies, puisque d’emblée séparées par la guerre froide.
Et puis la troisième période où cette croyance est revenue en force, c’est après la guerre froide, lorsque les Occidentaux ont eu le sentiment d’avoir gagné – ce qui est exact – et ont cru qu’ils pouvaient  incarner à eux seuls ce monde nouveau, cette communauté et ses valeurs.
C’est la théorie américaine de la fin de l’histoire : l’histoire est finie car tout le monde est d’accord.

Or non seulement ce n’est pas la fin de l’histoire, mais plutôt sa remise en marche, avec des affrontements énormes. Aujourd’hui, il est inutile d’invoquer la communauté internationale, ni pour l’éducation du public, ni pour la compréhension des faits.

Référence article complet : TV5 Monde