Pourquoi se poser la question de l’origine du confit, on vous dit que c’est Poutine …

On peut se demander en effet pourquoi chercher l’origine du conflit en Ukraine, tant il paraît évident à la lecture de médias, lorsqu’on allume la télévision, lorsqu’on écoute la radio que c’est bien sûr de la faute à Poutine. C’est lui le responsable de cette guerre !

Plus sérieusement, penchons-nous sur les vraies origines de la guerre en Ukraine.
Bien sûr, c’est bien Poutine qui ordonne son « opération spéciale » le 24 février 2022. Mais il faut se poser la question du pourquoi et pour comprendre, regarder la situation de l’Ukraine à la fin de l’année 2021.
Pour y voir clair et entendre une vraie histoire et non pas une propagande minable, nous allons remonter le temps jusqu’en 2014.

L’histoire racontée pour y voir clair …

En 2014, un soulèvement « populaire » a renversé le président Ianoukovitch, président élu de l’Ukraine.
Bon, ce soulèvement « populaire » a tout de même été largement soutenu par l’Occident.
Pour faire court, après des mois de manifestations et l’occupation de la place Maidan au centre de Kiev, le gouvernement plutôt pro-russe de Ianoukovitch a été renversé à la suite d’une fusillade très curieuse qui a vu, selon une enquête de Der Spiegel, des tireurs viser à la fois les manifestants et la police.
Toute cette histoire a été magnifiquement racontée par le film « Ukraine on Fire » d’Oliver Stone qui détaille les très nombreuses ingérences du gouvernement américain qui a encouragé et soutenu – pas seulement dans les médias mais en fournissant des informations et du financement-  les manifestants contre le gouvernement de l’Ukraine.

Forcément les Russes n’étaient pas contents. D’autant que, l’une des toutes premières décisions du gouvernement récemment installé a été de limiter fortement l’utilisation de la langue russe en Ukraine alors que plus de 30 % de la population ukrainienne est russophone.

Cela a cela conduit la Russie à soutenir indirectement, sans intervention militaire directe, un soulèvement qui a conduit à l’autonomie des républiques de Lougansk et Donetsk, faisant partie du Donbass. Les services spéciaux russes ont également organisé la sécession de la Crimée, et le départ des troupes ukrainiennes sans tirer un coup de feu.

Il faut comprendre que pour la Russie, la Crimée est extrêmement importante. Sébastopol est le seul port de mer chaude, c’est-à-dire qui n’est pas pris par les glaces pendant l’hiver, de toute la Russie avec Vladivostok complètement à l’est du pays. De plus, la Crimée a une grande importance historique, elle est aussi peuplée à plus de 90 % de russophones. La Russie ne peut simplement pas laisser la Crimée à une puissance hostile, ce qu’est devenu l’Ukraine après la révolution de Maidan.

Les républiques du Donbass sont beaucoup moins importantes pour la Russie, mais cependant, la Russie ne pouvait ignorer les revendications de la population de ces régions très largement russophones et souhaitant l’autonomie ou le rattachement à la Russie.

Un conflit très violent a éclaté à partir de 2014 contre les sécessionnistes du Donbass, soutenu en sous-main par la Russie (qui n’est cependant pas intervenue directement) et le gouvernement Ukrainien. Ce conflit a fait près de 12 000 morts, dont 4000 morts civils suite à de très nombreux bombardements par les ukrainiens notamment de la ville de Donetsk. Ce Sont les chiffres de l’ONU, et ils sont indiscutables et pourtant personne n’en a parlé en Occident. Les quelques journalistes ou universitaires qui ont fait des reportages sur ce sujet ont été systématiquement ignorés dans nos médias.

En septembre 2014, après un épisode de tension très intense, à l’issue duquel la Russie a failli déjà envahir Ukraine, un premier accord de Minsk a été signé entre l’Ukraine et les républiques de Donetsk & Lougansk, sous le patronage de la France de l’Allemagne et de la Russie pour un cessez-le-feu, puis en septembre 2015 deuxième accord de Minsk avec les mêmes participants qui garantissait aux républiques du Donbass une très forte autonomie, avec notamment le maintien de la langue russe, dans les république sécessionistes.
Ces accords n’ont jamais été respectés par l’Ukraine qui ne les a jamais appliquées. La situation de guerre a perduré de façon sporadique jusqu’en décembre 2021, et a continué à faire des victimes.

Angela Merkel et François Hollande se sont récemment exprimés sur ces accords.
Ils ont expliqué en substance que ces accords avaient pour objectif de gagner du temps, de permettre à l’Ukraine d’être plus forte, de s’armer pour mieux résister à la Russie.
Merkel a simplement avoué que l’Occident n’avait jamais eu l’intention de faire appliquer les accords de Minsk dont ils étaient les garants, et de facto l’Ukraine, ne les a effectivement jamais appliqués.
Pendant ses huit ans, l’Ukraine s’est massivement armée, s’est rapproché de l’OTAN jusqu’à demander son adhésion et s’est préparé avec l’aide de l’Occident à une confrontation avec la Russie. Poutine a fait part de son étonnement et de sa déception; comment voulez-vous que la Russie signe un accord avec l’Occident après cela ?

Une guerre bien prévisible, et même encouragée …

Pendant toute l’année 2021, la Russie a signifié à l’Occident et à l’OTAN qu’une adhésion future de l’Ukraine et la présence éventuelle de missiles nucléaires à 500 km de Moscou était inacceptable et entraînerait un conflit.
La Russie a demandé la tenue d’une conférence de sécurité globale en Europe en rappelant la promesse qui avait été faite en 1991 que l’OTAN ne s’étende pas aux anciens membres du pacte de Varsovie (Pologne, Hongrie et la Roumanie la République tchèque, Slovaquie aujourd’hui tous membres de l’OTAN …) et aux anciennes républiques soviétiques (Les pays baltes sont également membres de l’OTAN). En 2008, la demande d’adhésion à l’OTAN de la Géorgie avait déjà déclenché une guerre, jusqu’à ce que le pays retire sa demande.

Pendant toute l’année 2021, les appels de la Russie à une négociation globale sur la sécurité en Europe, à la neutralité de l’Ukraine pour garantir la paix, et à l’application des accords de Minsk ont simplement été ignorés.
Au contraire, pendant tout ce temps les États-Unis n’ont de cesse que d’encourager l’Ukraine à se rapprocher de l’OTAN et à s’armer. On l’oublie souvent mais Zelenski a été élu avec la promesse de mettre fin au conflit et de résoudre les différends avec les républiques du Donbass et la Russie.
En Ukraine, des milices nationalistes, que certains qualifient de néonazis (avec quelques arguments on doit le dire) se sont constituées pendant toutes ces années et on fait fortement pression pour une solution militaire à la situation du Donbass jusqu’à menacer les dirigeants du pays.
Jamais l’Occident n’a pesé pour que la solution négociée par les accords de Minsk soit appliquée par l’Ukraine.

En décembre 2021, la Russie a commencé à masser des troupes à la frontière ukrainienne.

En parallèle, elle a adressé ses requêtes par écrit à l’OTAN et aux gouvernements européens. Ses requêtes n’ont jamais reçu de réponse. Au contraire, le gouvernement ukrainien soutenu par les Américains mais aussi par les gouvernements européens n’a cessé de demander encore et encore des armes et une procédure accélérée d’adhésion à l’OTAN ce qui, comme nous l’avons souligné, est pour la Russie un Casus Belli.

Ce que demandaient les Russes n’était pourtant pas extraordinaire, l’arrêt de l’expansion de l’OTAN, une Ukraine neutre, et l’application des accords de Minsk. Les Russes ne mentionnaient pas la Crimée, dont un référendum avait validé l’annexion de la Russie mais ne fermaient pas non plus complètement la porte à des discussions sur ce sujet.

On voit bien le contexte qui a motivé la décision russe d’envahir Ukraine. Car si c’est bien les troupes russes qui ont franchi la frontière, qui ont agressé un État souverain,  jamais l’Occident n’a cherché à apaiser le conflit.
Bien au contraire, elle n’a fait qu’attiser l’opposition et que jeter de l’huile sur le feu ce qui a conduit à la situation actuelle.
Et cette situation est une guerre, qui est en passe de devenir guerre totale, contre la deuxième puissance militaire du monde, une guerre qui a fait au moins 150 000 victimes à ce jour. La majorité des Russes considère aujourd’hui que la Russie n’avait pas le choix et que cette guerre est une question de survie du pays.

Encore une histoire de pétrole et de gaz …

Mais en réalité, cela n’est pas le seul motif de la guerre. La vraie question qu’on peut se poser c’est pourquoi les Américains ont à ce point poussé au conflit jusqu’à interdire en réalité tout autre option. Et ces raisons sont encore moins avouables que celles précédemment exposées.

En 2014, le fils de l’actuel président américain, Hunter Biden rejoignait Burisma, une société ukrainienne de prospection gazière empêtrée dans de très nombreux scandales de corruption. La révolution de 2014 a commencé lorsque les Américains ont perdu d’importants contrats d’exploitation gaziers au profit de Gazprom sur décision du gouvernement ukrainien de l’époque qui allait être renversé quelque mois plus tard. La plupart des gisements de gaz notamment de gaz de schiste, se trouvent dans les régions qui ont fait sécession de l’Ukraine.

En 2021, le pipeline NordStream2 est entrée en service entre l’Allemagne et la Russie. Ce pipeline aurait permis à l’Europe d’accéder de façon simple et durable au gaz russe, donc à une énergie à un bon marché, ce qui est nécessaire pour la compétitivité de l’industrie européenne et notamment de l’industrie allemande. Il aurait installé la Russie au cœur de l’Eurasie, comme partenaire incontournable à la fois de l’Europe et de la Chine. Il aurait créé un lien économique entre l’Europe et l’Asie. Une Russie ouverte aurait permis la circulation des échanges des biens et des services entre la Chine et l’Europe. Cela aurait contribué largement au développement de tous les partenaires impliqués dans cette chaîne de valeur, la Chine qui est en train de devenir la première économie mondiale, la Russie comme fournisseur de matières premières et l’Europe puissance industrielle et premier marché mondial.

Cette réalité aurait très rapidement conduit au développement des échanges entre l’Europe et la Chine, et aurait eu pour résultat que les États-Unis auraient perdu leur place de premier partenaire européen. Cette situation était totalement inadmissible pour les États-Unis.
Les États-Unis sont prêts à tout, absolument à tout, y compris à une guerre en Europe pour conserver leur leadership et rester la première puissance mondiale. Il existe aux États-Unis de nombreux Think Tank, par exemple le projet « New American Century », qui ont théorisé que la fin, c’est-à-dire rester la première puissance, justifiait absolument tous les moyens. Et ce n’est  donc pas quelques centaines de milliers de morts qui va les arrêter.

Source : WikiStrike